Accueil A la une Automatisation et IA en Tunisie : 50% des métiers traditionnels seraient menacés

Automatisation et IA en Tunisie : 50% des métiers traditionnels seraient menacés

 

Alors que l’Intelligence Artificielle redessine le paysage économique mondial, des métiers autrefois considérés comme stables se retrouvent menacés par l’automatisation. En Tunisie, la question se pose avec acuité: quels métiers sont sur le point de disparaître et comment le pays peut-il s’adapter à ces bouleversements?

Dans le sillage de la quatrième révolution industrielle, l’Intelligence Artificielle (IA) a transformé de nombreux secteurs à l’échelle mondiale. Selon les experts, cette évolution rapide bouleverse non seulement la manière dont nous vivons et travaillons, mais menace également de faire disparaître plusieurs métiers traditionnels. En Tunisie, cette réalité devient de plus en plus palpable, surtout dans les secteurs où l’automatisation et les technologies basées sur l’IA se développent rapidement.   

Récemment, l’ancien ministre des Technologies de l’Information et expert en IA, Mohamed Nasser Ammar, a souligné cette menace. Il a affirmé que «derrière chaque évolution technologique, il y a des métiers qui disparaissent, mais, en contrepartie, de nouvelles opportunités d’emploi se créent». Il a ainsi rappelé que les métiers qui existent aujourd’hui ne seront pas nécessairement les mêmes dans un futur proche.

Les secteurs les plus menacés 

Dans les pays développés, l’IA a déjà provoqué des changements drastiques dans le marché de l’emploi. Des secteurs entiers comme la fabrication, le service client, et même certaines professions dans la santé ou la finance ont vu des postes remplacés par des systèmes automatisés ou des logiciels intelligents. Les caissiers de supermarché, les opérateurs de centres d’appels et les travailleurs d’usines ont été particulièrement affectés, car leurs tâches répétitives sont désormais assurées par des machines ou des algorithmes.

En Tunisie, bien que l’adoption de l’IA soit encore en phase émergente, ses impacts commencent déjà à se faire sentir. Selon Ammar, environ 50 % des métiers traditionnels sont menacés par l’automatisation, tandis que 25 % évolueront pour intégrer de nouvelles technologies, et seuls 25 % des emplois, en particulier ceux nécessitant un fort lien humain, resteront inchangés.   

L’expert a, également, noté que les offres d’emploi les plus recherchées sur des plateformes comme LinkedIn sont étroitement liées aux nouvelles technologies. Il est intéressant de souligner que ces postes, comme les spécialistes en analyse de données ou en cybersécurité, n’existaient même pas, il y a quelques années.

Plusieurs secteurs en Tunisie sont particulièrement vulnérables à cette transformation numérique. Le secteur textile, par exemple, historiquement l’un des piliers de l’économie tunisienne, pourrait être durement touché par l’IA et la robotisation. Dans les pays développés, la production textile est déjà largement automatisée et les entreprises tunisiennes qui ne s’adaptent pas risquent de perdre leur compétitivité.

Le secteur des services est aussi sous pression. Les call centers, qui emploient des milliers de jeunes diplômés tunisiens, pourraient voir leurs effectifs diminuer considérablement. Les logiciels d’intelligence artificielle, tels que les chatbots et les assistants virtuels, sont capables de gérer un grand nombre d’interactions clients avec une précision et une efficacité accrues.

Les opportunités offertes et les défis à relever 

Cependant, Ammar a insisté sur le fait que l’IA ne doit pas être perçue uniquement comme une menace. «À chaque métier qui disparaît, de nouveaux emplois sont créés», a-t-il affirmé. Le développement technologique peut ouvrir la voie à de nouvelles opportunités économiques. Les métiers liés à la programmation, la gestion des données, la cybersécurité et le développement d’algorithmes d’intelligence artificielle sont en pleine expansion.

La Tunisie, grâce à son vivier de talents, peut jouer un rôle clé dans cette transformation. Le pays compte des ingénieurs et des informaticiens bien formés, capables de tirer parti de cette révolution technologique. Selon Ammar, «la Tunisie peut devenir une force dans le domaine de l’IA, à condition que des investissements appropriés soient réalisés dans la formation et l’innovation technologiques». Le gouvernement tunisien doit ainsi encourager la recherche dans le domaine de l’IA et créer un cadre législatif qui favorise l’innovation.

Pourtant, cette transition ne sera pas sans défis. L’une des principales préoccupations est la formation et la reconversion professionnelle. Alors que les métiers traditionnels disparaissent, la main-d’œuvre doit être formée pour répondre aux exigences des nouveaux emplois créés par l’IA. En Tunisie, cela nécessite une refonte des systèmes éducatif et de formation professionnelle. Le développement de compétences technologiques est aussi essentiel pour permettre aux travailleurs tunisiens de rester compétitifs dans un marché du travail en mutation.   

De plus, l’impact social de la disparition de certains métiers ne doit pas être sous-estimé. La transition pourrait créer des inégalités, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés ou ceux dont les compétences sont difficiles à adapter aux nouvelles technologies. Le gouvernement tunisien doit donc mettre en place des politiques sociales pour soutenir ces travailleurs pendant cette période de transition.

Le rôle de la RSE et des entreprises dans cette transition

Sur un autre plan, les entreprises tunisiennes doivent jouer un rôle central dans cette transformation. Elles doivent investir dans la formation continue de leurs employés et adopter une approche responsable face aux évolutions technologiques. La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pourrait être un levier pour favoriser une transition harmonieuse, en veillant à ce que l’adoption de l’IA ne se fasse pas au détriment des emplois existants.    

Dans ce contexte, des initiatives comme «Les rendez-vous de l’emploi» organisés par Keejob offrent une plateforme importante pour aborder ces défis et opportunités. Elles permettent aux entreprises, aux experts et aux jeunes talents de discuter des meilleures stratégies pour préparer la Tunisie aux bouleversements du marché du travail.

Ceci pour dire que, dans son ensemble, l’intelligence artificielle est une arme à double tranchant. Elle représente à la fois une menace et une opportunité pour le marché de l’emploi en Tunisie et partout dans le monde. Alors que certains métiers sont destinés à disparaître, d’autres émergent et offrent des perspectives prometteuses.

La clé pour réussir cette transition réside dans la capacité du pays à former sa main-d’œuvre, à encourager l’innovation et à soutenir les travailleurs touchés par les transformations technologiques. Si ces défis étaient relevés, la Tunisie pourrait non seulement éviter les conséquences négatives de l’IA, mais aussi en tirer parti pour devenir un acteur clé dans l’économie numérique mondiale.

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